La plupart d’entre nous se retrouve régulièrement dans des foules, de façon intentionnelle ou non. Par exemple, en allant au travail le matin, par le bus ou le métro, nous faisons partie d’une foule. Le soir, si nous sortons en boîte de nuit, nous sommes également entouré.e.s d’une foule. C’est également le cas lorsque nous faisons des courses dans une rue commerçante. Ces situations constituent parfois une expérience désagréable pour les individus, notamment dans des foules non choisies, comme dans le cas des transports en commun. Dans cet article, nous nous focalisons sur le caractère agréable ou désagréable des foules, c’est-à-dire sur leur dimension affective. Il est important de comprendre pourquoi certaines foules sont désagréables, et comment il est possible d’améliorer l’expérience que nous en faisons.
La densité physique de personnes
Par définition, la foule est caractérisée par la présence d’un grand nombre de personnes, au même endroit et au même moment. Elle est donc associée à une forte densité physique de personnes. Cette forte densité physique entraîne une proximité physique avec les autres, et cette proximité peut avoir un impact négatif sur les ressentis, attitudes, et comportements des individus, ainsi que sur leur perception des autres personnes et sur les échanges qu’ils pourraient avoir avec elles.
L’identité sociale
Cependant, les foules peuvent être vécues de manière plus positive dans d’autres occasions. Par exemple, à densité physique égale, les foules réunies pour concert ou une rencontre sportive sont généralement plus joyeuses et plus à l’aise dans la foule que celles des métros et des gares. La différence réside dans la nature de la foule. Nous avons déjà fait la distinction entre foules physiques (aucune identité sociale partagée, uniquement une agrégation de personnes) et foules psychologiques (voir les articles « Identité sociale partagée »). Or, contrairement aux foules psychologiques, les foules physiques ne font pas émerger d’identité sociale partagée permettant aux individus de mieux vivre la proximité physique. Les foules dans lesquelles les individus partagent une identité sociale avec les autres sont vécues de manière plus positive que les foules physiques, au sein desquelles il n’existe pas de lien fort entre les personnes (Reicher, 1984).
Les émotions dans une foule
De plus, ces foules psychologiques impliquent souvent des émotions fortes vécues par les personnes présentes, ainsi qu’une certaine synchronie des émotions et des mouvements. Cette synchronie renforce à la fois le sentiment de lien aux autres et les émotions positives ressenties (Páez et al., 2015). Il semblerait donc que plus les individus se sentent liés aux autres, et plus les émotions ressenties sont positives (Reicher, 1984 ; Neville & Reicher, 2011). La réciproque semble également vraie : plus les émotions ressenties sont synchronisées entre les membres d’une foule, et plus ceux-ci se sentent connectés entre eux (Páez et al., 2015).
Comment rendre l’expérience de foule plus positive ?
Quand nous nous retrouvons dans une foule et que nous sommes mal à l’aise, arrêtons-nous pour nous poser deux questions : la densité physique est-elle objectivement élevée ? S’agit-il d’une foule physique ou d’une foule psychologique? (autrement dit, est-ce que je me sens proche des autres personnes présentes ?) En répondant à ces questions, nous pouvons prendre conscience de notre environnement et de nos émotions, et mieux les appréhender.
Enfin, si je ne peux pas éviter la foule ou que la densité de celle-ci ne diminue pas, nous pouvons essayer d’identifier les pensées et émotions des autres personnes pour savoir si elles sont similaires aux nôtre, afin de nous sentir plus proches d’elles. Nous pouvons aussi essayer d’aborder ces situations de foules désagréables de manière moins personnelle et plus collective, notamment en observant des situations confuses ou problématiques. Le jeu Chouettes Foules est justement conçu pour vous aider à mieux faire cela, et à vivre plus sereinement des situations de foules !